🔴INFO militante | Dans la Santé, les batailles de FO pour les moyens et les conditions de travail
- FO 56
- il y a 15 heures
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Du Pas-de-Calais à l’Isère en passant par le Calvados, des personnels soignants du public comme du privé, sont mobilisés pour des moyens supplémentaires et leurs conditions de travail. Des combats locaux, initiés par FO, qui illustrent tous les enjeux nationaux dans le secteur de la santé.
Toujours soumis à l’austérité budgétaire, le système de santé n’en finit pas de souffrir, et ses personnels aussi. Dans les établissements, du secteur public comme du privé, avec FO, ces personnels bataillent pour obtenir des moyens supplémentaires et l’amélioration des conditions de travail. Et cela a tout à voir avec la défense de l’accès au soin et la qualité de prise en charge des patients.
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, les aides-soignantes à domicile employées par le groupe privé Filieris voient leur rythme de travail sacrifié sur l’autel de la rentabilité. Dans son projet de réorganisation des rythmes de travail pour ces salariées, la direction prévoit un week-end de repos seulement toutes les trois semaines, et une journée de travail aux horaires discontinus, dénonce Jean-Baptiste Konieczny, secrétaire général de l’UD du Pas-de-Calais.
On exige des aides à domicile de réaliser une partie de leurs heures tôt le matin dès 7h, contre 7h30 actuellement. Mais à cette heure-là, un patient âgé n’a pas forcément envie d’une toilette. La direction se fiche des patients comme des salariés, elle adopte une logique purement financière.
Au sein du CHU de Caen, ce sont les techniciens de laboratoire qui se mobilisent contre la dégradation de leur rémunération. La direction souhaite supprimer la prime de travaux insalubres. Cette prime, qui existe depuis plus de 40 ans, reconnaît l’exposition de ces professionnels à des risques de contagion, explique pour FO Julie Lecoq. La prime est de 2,34 euros par demi-journée, ce qui représente près de 80 euros mensuels. L’annonce de sa suppression a, qui plus est, coincidé avec celle de la récupération de l’activité d’un autre hôpital ce qui va engendrer une surcharge d’activité. On nous dit simplement que l’on va travailler plus pour gagner moins., s’indigne la militante.
À l’hôpital de Voiron, site du CHU Grenoble Alpes, les médecins exigent depuis plusieurs mois l’ouverture de lits supplémentaires en aval des urgences. Et pour cause. Le nombre de lits d’aval, c’est-à-dire dans les autres services que celui des urgences, a chuté. Entre 2019 et 2022, nous avons perdu près de la moitié de ces lits, explique Cyrille Venet, chef de service au CHU et secrétaire général du SNMH FO. Dans ces conditions, nous ne pouvons hospitaliser nos patients et les urgences sont débordées. Au point que ce service a fermé pour la nuit.
Une absence totale de dialogue social
Dans toutes ces situations, les militants qui se heurtent à l’absence de dialogue social avec les directions, ont dû organiser des actions pour se faire entendre. Chez Filieris, le projet visant à atteindre la rentabilité a été mené sans aucune concertation, dénonce Jean-Baptiste Konieczny. Même absence de dialogue social au CHU de Rouen. Les techniciens des laboratoires ont appris la suppression de la prime par mail, la veille des vacances de février.
Nous avons reçu un mail disant que la prime serait remplacée par une autre de 1,34 euros. Puis un autre mail rectificatif : la prime serait finalement de 1,03 euros. Bref, rien n’allait dans cette annonce.
À Voiron, la demande de recrutement de personnels soignants supplémentaires, afin entre autres de pouvoir augmenter les lits d’aval, se heurte à un refus catégorique de la direction. Face à ce mur, les militants ont organisé organisent la mobilisation. Une série de mobilisations a rythmé les années 2023 et 2024.
Nous avons fait une manifestation sous les fenêtres de la direction avec une opération village de tentes en décembre dernier,
se rappelle Cyrille Venet.
À Caen, depuis le début du mois d’avril, les techniciens de laboratoire sont en grève. Durant deux heures, un jour par semaine, ils défilent dans le CHU pour sensibiliser à leur combat.
Et à chaque fois, on a la totalité des techniciens qui travaillent ce jour-là, soit 90 agents qui défilent chaque semaine,
sourit Julie Lecoq. Ces manifs continueront jusqu’à ce que la direction réponde aux revendications des professionnels, indique-t-elle.
Le 15 avril, les salariés de Filieris avaient, eux, organisé un rassemblement devant les locaux de l’entreprise, à Liévin, dans le Pas-de-Calais.
Nous avions déposé le préavis de grève 10 jours avant, afin d’ouvrir la porte à des négociations. Mais la direction n’a pas répondu.,
s’indigne Jean-Baptiste Konieczny. Là aussi, la suite de la mobilisation s’organise alors que la direction reste muette.
Des personnels déterminés
Ces mobilisations, très suivies, illustrent le ras-le-bol des soignants, du public comme du privé.
On arrive à un point de non-retour,
observe Cyrille Venet.
En 22 ans d’exercice à l’hôpital de Caen, Julie Lecoq n’a jamais vu ça. Il y a des collègues qui ne sont jamais allés en manifestation qui répondent présents toutes les semaines. Ils sont décidés, déterminés et en colère. La détermination est identique du côté des aides à domicile de Filieris : On parle de professionnelles qui gagnent peu et font jusqu’à 700 km par semaine avec leur propre véhicule. Et là, on leur impose des rythmes de travail encore plus intenables. Ça ne passe plus.
Ces mobilisations ne sont heureusement pas vaines. Ainsi, à Voiron où les actions très médiatisées des soignants ont conduit le ministre de la Santé, Yannick Neuder, à devoir se prononcer. Le 19 mars, le ministre est intervenu directement auprès de la direction de l’hôpital. Une négociation est désormais lancée sur l’ensemble des propositions, à savoir l’ouverture de 30 lits en aval des urgences mais aussi l’ouverture d’une salle de bloc supplémentaire, ainsi que le recrutement de 12 pédiatres et 12 urgentistes.
Le combat n’est pas encore gagné, mais on a gagné de l’espoir, sourit Cyrille Venet. Et l’espoir, ce n’est pas rien !.
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