La question se pose depuis la publication du rapport du COR, le Conseil d’orientation des retraites, le 15 septembre dernier. Pour le gouvernement, les conclusions à en tirer sont implacables : ce texte mettrait en lumière l’absolue nécessité de réformer les retraites. C’est ce qu’expliquait le ministre du Travail, Olivier Dussopt, mardi 20 septembre sur RTL : "Ce rapport dit que le système de retraites connaît un très léger excédent en 2021-2022, mais que dès 2023 ce sont presque deux milliards d'euros de déficit, en 2027 plus de 12 milliards de déficit, et en 2030 une vingtaine de milliards de déficit. Ces chiffres nous montrent qu'il faut agir pour améliorer le système de retraites et le préserver dans le temps."
Olivier Dussopt s’appuie sur l’un des indicateurs mentionnés dans le rapport, celui dont on parle le plus : le solde du système de retraites. Concrètement : est-ce qu’on fait rentrer suffisamment de cotisations pour financer les pensions ? Là, effectivement, il devrait y avoir un déficit à combler durant les 25 prochaines années, après quoi le système pourrait revenir à l’équilibre.
Pas d'urgence, selon les syndicats
Mais en s’appuyant sur le même rapport, les syndicats parviennent à des conclusions très différentes. C’est le cas, par exemple, de Laurent Berger : le secrétaire général de la CFDT était dimanche 18 septembre au micro de France Inter et franceinfo. Et il affirme qu'il n'y a aucune urgence : "Le COR dit qu'il y a un déficit mais qu'il n'y a pas le feu au lac. S'il y avait le feu au lac : mesures rapides. S'il n'y a pas le feu au lac : temps de la discussion."
Pas d’urgence donc pour la CFDT, et encore, c’est une position modérée ! François Hommeril, le président de la CFE-CGC, qui pourtant n’est pas connu pour sa radicalité, va plus loin encore : il l’expliquait dimanche 18 septembre sur franceinfo : "Les régimes de retraites ne sont pas en péril dans les années à venir. Le COR dit qu'il n'y a pas de mise en péril sur les moyen et long terme, c'est très clairement écrit dans sa conclusion." Au-delà de n’être pas urgente, la réforme ne serait même pas nécessaire.
Cette divergence fondamentale entre le gouvernement et les syndicats s'explique par le fait que les deuxièmes s’appuient sur un autre indicateur, celui que le COR considère comme essentiel : la part des dépenses de retraites rapportée au PIB de la France. En clair, c’est l’indicateur qui évalue quelle partie de notre richesse nationale nous choisissons de consacrer aux pensions des personnes âgées. Et là, le COR est formel : ces dépenses sont maîtrisées sur la longue période, c’est-à-dire qu’elles augmentent très légèrement, puis, au pire restent stables, au mieux décroissent à partir de 2035.
À ce jour, et c’est le plus important, notre système de retraites par répartition n’est donc pas en péril, il n’a pas besoin d’être sauvé. Si nous estimons que les dépenses de retraite sont soutenables aujourd’hui, nous n’avons aucune raison de penser qu’elles ne le seraient pas demain.
Plusieurs options pour combler le déficit du système
On peut décider d’assumer ces déficits temporaires, avec de la dette : c’est ce qu’on a fait hier pour la crise Covid, c’est ce qu’on fait aujourd’hui pour la crise énergétique. On peut jouer sur l’un des nombreux paramètres du système de retraites – parmi lesquels, notamment, le niveau des cotisations payées par les salariés et les employeurs, qui n’a aucune raison d’être considéré comme un tabou. Mais ce qui est intéressant, c’est que tout cela, le gouvernement ne l’évoque jamais. Voici comment Elisabeth Borne, la Première ministre, présentait la réforme des retraites en juillet dernier, à l’Assemblée nationale, durant sa déclaration de politique générale : "Pour la prospérité de notre pays et la pérennité de notre système par répartition, oui nous devrons progressivement travailler un peu plus longtemps."
À l’aune du dernier rapport du COR, cette affirmation apparaît comme doublement contestable. D’une part, parce que la pérennité du système par répartition n’est pas menacée, il faut le dire et le répéter. Ensuite, parce que les déficits temporaires du système n’impliquent pas nécessairement de travailler plus longtemps, d’autres solutions sont envisageables. Il faut rappeler qu’en France, selon l’Insee, un quart des hommes les plus pauvres meurent avant 62 ans. Ils auront travaillé toute leur vie, dans les tâches les plus pénibles, sans jamais pouvoir profiter de leur retraite – c’est-à-dire, de fait, qu’ils auront cotisé pour la retraite des plus riches et des plus privilégiés. Faire travailler tout le monde plus longtemps reviendrait, tout simplement, à aggraver encore davantage cette situation. Voilà, de mon point de vue, la donnée qui devrait en tout premier lieu orienter nos réflexions.
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